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Chronique d’île en île…

J’ai déjà avancé que l’Atlantique était une grand-mère. Ou, si vous préférez, une grand’mer. J’aime à croire que c’est d’elle que toutes les autres tirent leur origine. Alors que j’atteins son centre, je sens son cœur frémir.

La mer est une prière. Mieux, une église! Et je suis là, au pied de son autel, priant pour que notre mariage s’étire dans le temps.

Le couvert nuageux est plus fourni qu’à l’habitude. Rien de bien menaçant; des cumulus dodus s’embrassent sans se soucier de ma présence. L’horizon est jaune de jalousie. Bientôt, un brin de pourpre incendiera ses joues. Puis, le soleil chassera d’un coup de balai tout ce qui peut nuire à sa notoriété.

C’est le premier jour où je n’enfile pas de grosses chaussettes avant de débuter mon quart. L’air qui parvient dans le carré semble déjà tiède. Gigotant tranquillement alors que le jour pointe, mes orteils me remercient une à une de cette liberté retrouvée.

La vente de chaussures devrait être interdite. Peut-être sont-elles programmées pour nous faire emprunter des sentiers à mille lieues des prairies et des plages, dans des espaces goudronnés et gris comme l’âme des banquiers?

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Le temps d’une chronique signée au présent, j’abandonne le navire qui me conduit au Brésil pour vous partager mon plus récent coup de cœur. Le site allie magnifiquement art de vivre, soleil et plage à perte de vue. Quoi demander de mieux avant l’arrivée du homard dans nos assiettes?

Jusqu’à récemment, tout ce que je connaissais de la Califournie se résumait grosso modo à une poignée de chansons et quelques images de films à succès. Ceci excluant les incendies ravageurs des dernières années, le vin de Robert Mondavi ou encore les choix étranges de ses votants, qui un jour ont confié les rênes du pouvoir à nul autre qu’Arnold Schwarzenegger, alias le Terminator. Il y a aussi Hollywood, mais à force de vendre des histoires préfabriquées, on finit par croire que l’endroit est irréel.

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Chaque nœud que le vent souffle nous permet d’avancer vers notre but. En mer, ils sont nos alliés. Sur terre, nos pires ennemis.

Ce matin, la mer est tout aussi clémente qu’hier, sauf qu’une légère houle de derrière s’est formée, comme pour pousser Éléis vers son destin. L’anémomètre affiche dix ou onze nœuds, un exploit par les temps qui courent. Demain, on devrait atteindre le double, mais je ne suis pas pressée

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Tous les marins s’entendent pour dire que la mer est la meilleure école de la vie. On peut perdre le cap, faire du surplace, toucher le fond, s’échouer même, sans pour autant avoir des envies de suicide.

7 h 45. Le soleil tente une percée à travers les nuages. Il trace un point laser sur l’océan, puis repart se camoufler dans son antre. On l’imagine emmitouflé dans une masse duveteuse, au chaud. Il ne faudra pas compter sur les panneaux solaires aujourd’hui. Pourtant, nous avons bien besoin d’énergie. Le vent nous aidera peut-être s’il arrive à souffler huit nœuds. C’est le minimum pour voir l’éolienne s’activer.

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La voile devrait être recommandée en tant que médicament à tous les impulsifs qui se mettent à tempêter quand les choses ne tournent pas comme ils l’entendent.

Pour tenter d’expliquer avec un brin d’humour notre situation actuelle, je décide de fouiller du côté des dictons marins. J’en déniche un qui me donne le sourire : « Avant de lever l’ancre et les voiles, va donc réveiller le vent pour qu’il se lève aussi! »

Depuis deux heures, nous sommes sous le vent de Fogo et de Brava, deux îles du Cap-Vert situées au sud-ouest, en retrait de l’archipel. En voyant l’ombre de Fogo, on a l’impression de faire du surplace. On avance à pas de tortue, à trois ou quatre nœuds, jamais bien plus.

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La canne à pêche est déjà à l’eau. Ce Rapala trouvé sur la plage survivra-t-il davantage que celui chipé par un poisson ingrat parti à la sauvette, l’hameçon à la gueule?

Déjà, la terre s’éloigne petit à petit de nos yeux. Mais j’y pense, vous ai-je seulement indiqué les caractéristiques propres au dériveur lesté sur lequel je navigue? Sorti des chantiers en 1981, ce monocoque de croisière de 42 pieds possède une largeur de coque de quatre mètres (vous avez bien lu!) et une capacité de carburant et d’eau de 800 litres. Pas de panne sèche en vue. Son tirant d’eau est de 1,88 mètre, son tirant d’air de près de 20 mètres, tandis que sa longueur de flottaison est d’un peu plus d’un mètre. Les marins savent de quoi je parle.

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Se couper du reste du monde pour trois semaines, voire un mois. Qui de nos jours peut s’offrir un tel luxe? Pourtant, on peut très bien se passer de nous!

Pour voguer de l’Afrique au Brésil, l’itinéraire est simple et complexe à la fois, car il faut un détour en nous-mêmes avant que d’accoster. Chacun le vit à sa manière. Dans mon cas, ce type d’introspection s’avère séduisant. C’est comme un sac à surprises; allez savoir ce que vous en retirerez! 

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Avez-vous remarqué à quel point la vie nous teste? Tant d’efforts sont nécessaires pour parvenir à nos fins! Paradoxalement, dès qu’on prouve notre endurance et notre ténacité, les cadeaux pleuvent. Y’a pas que le grain qui doit endurer la noirceur de la pénombre avant de pouvoir germer.

De mon côté, je ne suis pas au bout de mes peines. Pendant que l’équipage flâne une dernière fois sur la terrasse du Mar Tranquilidade, moi je suis tout sauf tranquille. Bombardée de courriels de panique moins de vingt-quatre heures avant de lever l’ancre, il me reste peu de temps pour régler le problème.

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Chaque parcelle d’aventure vaut son pesant d’or. Malgré cela, combien d’entre nous rêvons d’être ailleurs plutôt qu’ici? Pourtant, c’est en se sachant miraculés que les miracles surviennent. C’est en se sachant bénis que les bénédictions se multiplient. C’est une loi de la nature.

J’ai beau badgeuler après mon capitaine, j’apprécie au plus haut point son côté explorateur. Et je suis touchée qu’il veuille me faire découvrir un village qu’il a jadis visité. C’est du jamais vu. D’ailleurs, nous aurions très bien pu tracer notre route vers le Brésil sans remonter vers le Nord. J’aurais été partante pour descendre jusqu’en Afrique du Sud avant le grand saut vers l’Amérique. 

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Cinq heures et demie dans une laveuse à tordeur! Ce n’est pas le genre de voyage offert à tout le monde, mais il n’y a rien comme s’éloigner de son confort pour en apprécier pleinement les contours au moment de le retrouver.

Ce que j’ignorais en débardant du pick-up qui nous a trimballé comme des bananes, c’est que Porto Novo était sans intérêt pour mon capitaine. On a eu à peine le temps de reconstituer le contenu de notre estomac. Et c’est bien parce que j’ai insisté! 

Heureusement, nous n’avons pas eu à imiter le grand ado, pour qui les cahotements de la route ont été ravageurs. Cela dit, le voyage a été frugal malgré sa longueur. Pas de thermos de café ni de petits beignes ou pain frais à se mettre sous la dent, voyons. Après tout, nous vivons sur un voilier.

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En repensant à cet épisode de vol survenu à Tarrafal, une question me taraude : et si le méfait avait été causé par cette jeune femme dérangée qu’on a gentiment accepté de prendre à bord? En tout cas, elle était présente dans l’île quand l’incident est survenu…

Curieusement, personne de l’équipage n’a entrevu cette possibilité. Pourtant, j’ai senti tout le brouillard entourant l’étrangère. On aurait dit un gros nuage noir ambulant. Sans aller jusqu’à faire couler notre embarcation, elle a tout de même amoché notre réputation au sein des habitants de l’archipel. Après tout, c’est franchement inacceptable d’abattre sa colère sur de pauvres pêcheurs dont on n’a pas encore salué le travail. 

Aujourd’hui, je me sens toute penaude. Et si le grand efflanqué avait simplement ri de notre mésaventure? Vous me direz, il a payé pour son arrogance.

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On a toujours l’impression d’être plus ou moins en contrôle des événements qui se produisent dans notre quotidien mais parfois, le destin nous rappelle que malgré toutes nos précautions, tout peut s’écrouler en criant ciseau. 

Vous conviendrez que nous avions peu à perdre en acceptant de prendre à bord une passagère inconnue rencontrée « par hasard ». Et pourtant ! La vie de l’équipage aurait pu basculer tragiquement si l’étourderie de cette jeune touriste pétrie par le mal-être avait mal tourné. 

Le capitaine n’a pas apprécié qu’elle s’engage seule dans les sentiers non balisés. L’ex-athlète avait surmonté des défis autrement plus impressionnants, mais de voir cette femme limitée par son embonpoint, sans eau ni chaussures adéquates l’inquiéta. Et si elle se blessait en cours de route ?

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Après une journée à explorer furtivement un autre coin de l’île de São Vicente, le capitaine décide qu’il est temps de lever l’ancre. Qu’à cela ne tienne, j’ai eu droit à une bonne baignade avant notre départ pour Santo Antão! 

Il faut vraiment une ambition à tout rompre pour visiter le Cap-Vert. En voilier, c’est un incontournable, et ce, même si plusieurs se cassent les dents dans cette aventure, mais en avion!

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Épuisés par ce voyage en mer, le premier après les sauts de puce réalisés entre le Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau, nous ne souhaitons qu’une chose : une douche chaude. Une bonne nuit de repos suffira pour remettre nos estomacs en place et rétablir notre appétit. 

Compte tenu de l’heure à laquelle nous jetons l’ancre, il faudra patienter pour nous requinquer. Le navire est en sécurité, l’équipage aussi. La pioche coule au fond de l’eau et nous, on coule au fond de nos couchettes. Nous sommes à l’abri, au milieu d’une petite baie. Quand il fera clair, on s’amarrera au quai.   

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