J’ai déjà avancé que l’Atlantique était une grand-mère. Ou, si vous préférez, une grand’mer. J’aime à croire que c’est d’elle que toutes les autres tirent leur origine. Alors que j’atteins son centre, je sens son cœur frémir.
La mer est une prière. Mieux, une église! Et je suis là, au pied de son autel, priant pour que notre mariage s’étire dans le temps.
Le couvert nuageux est plus fourni qu’à l’habitude. Rien de bien menaçant; des cumulus dodus s’embrassent sans se soucier de ma présence. L’horizon est jaune de jalousie. Bientôt, un brin de pourpre incendiera ses joues. Puis, le soleil chassera d’un coup de balai tout ce qui peut nuire à sa notoriété.
C’est le premier jour où je n’enfile pas de grosses chaussettes avant de débuter mon quart. L’air qui parvient dans le carré semble déjà tiède. Gigotant tranquillement alors que le jour pointe, mes orteils me remercient une à une de cette liberté retrouvée.
La vente de chaussures devrait être interdite. Peut-être sont-elles programmées pour nous faire emprunter des sentiers à mille lieues des prairies et des plages, dans des espaces goudronnés et gris comme l’âme des banquiers?